Complotistes ou justiciers ?

Homo socialis
14 min readJun 17, 2021

Ces défenseurs de la vérité sont-ils plus aptes à détecter un vrai complot ?

Un texte d’Elisabeth François, étudiante en Master en psychologie sociale et interculturelle à l’Université libre de Bruxelles.

via Unsplash

Les évènements tragiques (tels que l’assassinat de Martin Luther King, les attentats du 11 septembre, etc.) ou encore les évènement marquants (comme par exemple la mission Appolo 11 sur la lune) provoquent souvent l’apparition d’un phénomène : les théories du complot.
L’instantanéité et l’ubiquité -propres à notre vie moderne en société- nous poussent à vouloir avoir accès aux informations de manière directe, et de cela découle la libre circulation de fausses informations (voir ce très intéressant colloque avec Gérald Bronner). Nous pouvons notamment citer l’exemple récent du documentaire Hold-up, reprenant les théories conspirationnistes populaires sur la pandémie de la Covid-19. Étant disponible sur plusieurs plateformes gratuites et donc facilement accessible et diffusé, Hold-up participe à la propagation (et création) de nombreuses théories concernant la nature du virus et sa gestion au niveau mondial. « Le vaccin serait dangereux, les masques seraient inutiles et le confinement n’aurait servi à rien », toutes ces fausses informations se diffusent sur les réseaux et renforcent les problématiques de confiance de la population autour de cette pandémie.

Nous allons voir à travers cet article comment les théories du complot ont pris place dans nos sociétés. Les intellectuel·le·s et les universitaires ne distinguent pas systématiquement les théories du complot des complots mêmes. L’objectif de cet article est d’étudier ces deux notions : comment les distinguer ? Quels moyens sont utilisés pour façonner les discours complotistes ? Les complotistes sont-ils meilleur·e·s pour détecter les vrais complots ? Nous allons aborder ces questions, et tenter de répondre à la question suivante: les complotistes ont-il·elles une meilleure connaissance des complots en général, et une capacité plus développée à discerner les “vrais” complots des “faux” complots?

Comment pouvons-nous les définir ?

Plusieurs auteur·e·s ont proposé des définitions des théories du complot (TC), en voici quelques-unes.

Selon Licata et Klein (2000), les théories du complot sont des explications naïves concurrentes aux versions officielles, impliquant souvent l’intervention d’un groupe agissant dans l’ombre.

Keeley quant à lui définit les TC comme des explications de certains évènements en termes d’action causale de la part d’un groupe de personnes -les conspirateurs·rices- agissant en secret (Keeley, 1999, p.116). Il ajoute différentes caractéristiques que partageraient les TC : 1) les intentions cachées des conspirateurs·rices sont néfastes, 2) ceux- et celles-ci font preuve d’une volonté manifeste de cacher la vérité, 3) les TC contredisent une version “officielle” ou “évidente”, 4) elles lient des évènements qui n’ont pas de rapport évident entre eux, et 5) les données aberrantes (éléments contradictoires ou qui n’ont pas été expliqués dans la version officielle) sont des éléments de base à la construction des TC.

Y-a-t-il une ou plusieurs catégories de TC ? Dès 1987, Moscovici décrypte les TC comme impliquant par définition les minorités (menace contre le mode de vie majoritaire), par exemple la période du maccarthysme, le complot juif… D’après Campion-Vincent (2005) une autre forme de TC apparaît depuis le XIXème siècle, concernant les instances maléfiques et puissantes (comme par exemple les industries pharmaceutiques ou le gouvernement), ici c’est le système qui est mis en cause, et non les minorités. Par exemple, l’assassinat de JFK : le complot présumé mettant en cause la CIA est plus plausible pour une majorité d’individus que la version officielle d’un tireur isolé (Goertzel, 1994). Wagner-Egger (2007) propose donc de distinguer deux catégories de TC : d’un côté celles mettant en cause les minorités, et de l’autre celles mettant en cause le système.

Théorie du complot ou complot ?

De la Croix (2018) présente dans son ouvrage une série d’évènements considérés comme des complots. En adoptant une approche théorique et philosophique, il fait la distinction entre complot et théories du complot. Il définit le complot comme un projet (élément essentiel) secret élaboré par des personnes contre une autre personne ou une institution. La théorie du complot quant à elle propose de donner une vision de grands évènements historiques souvent meurtriers, présentés comme le produit de l’action d’un groupe occulte agissant dans l’ombre. Certaines personnes sont plus susceptibles de croire en l’existence de nombreux complots et théories du complot, cette vision se développe surtout dans certaines circonstances et tout particulièrement quand il existe au préalable un manque de confiance dans les différents pouvoirs, ou encore dans les contextes où une véritable peur est ressentie vis-à-vis d’une communauté donnée.

La frontière entre complots et théories du complot est toutefois ténue. Leiduan (2019) nous éclaire sur cette confusion. Ces notions sont étroitement imbriquées mais ne recouvrent pas le même sens. Les complots ont toujours existé et existeront toujours, affirme l’auteur, car selon lui l’homme n’est pas fait pour agir de manière transparente, franche, limpide ; il y aurait donc toujours une part d’ombre dans le comportement humain :

« Le complot est l’une des expressions de cette opacité constitutive de notre nature. Il s’agit donc d’un invariant anthropologique ».

Les théories du complot sont le discours qui font planer l’ombre d’un doute sur l’Histoire ou, plus généralement, sur l’actualité (c’est-à-dire sur ce qui n’est pas encore histoire mais qui a une vocation à le devenir) :

« Selon les théories du complot, la réalité historique comporterait une partie visible et une partie invisible : la partie visible coïnciderait avec les faits mentionnés dans les livres d’Histoire. La partie invisible correspondrait aux innombrables complots qui ont été tramés de tout temps dans les coulisses de l’Histoire par des personnages obscures, affiliés à ces organisations qui sont les seules et uniques vraies protagonistes de l’Histoire : les sociétés secrètes ».

La notion de complot désigne un type d’action tandis que la deuxième notion désigne une conceptualisation de l’agir humain qui reconnait dans le complot la force motrice de l’histoire humaine (Leiduan, 2019, p.23).

Bale (2007) nous apporte des éléments nouveaux quant à cette frontière (complots versus théories du complot). Cette difficulté à distinguer les TCs dans le sens strict du terme pousse à considérer certaines théories comme le fruit d’une imagination paranoïaque. L’auteur nous donne alors sa définition: les TC seraient essentiellement des fables, des affabulations élaborées parfois basées sur des morceaux de vérité et sur les activités de groupes politiques clandestins et secrets qui font partie de la politique moderne. Il est pertinent de faire la différence entre les théories du complot et les politiques conspiratoires réelles, et d’étudier les politiques conspiratoires avec une base empirique, théorique et méthodologique solide. Ignorer l’influence de telles politiques peut mener à de graves erreurs d’interprétation historique. Les TC partagent un certain nombre de caractéristiques distinctes tout en partageant un élément essentiel : celle d’un vaste et pernicieux réseau international destiné à perpétrer des actes odieux, actes qui visent à affaiblir voire détruire une façon de vivre.

Bale cite plusieurs éléments pour reconnaître les TC : 1) les TC considèrent les conspirateurs·rices présumé·e·s comme le diable incarné, il y a une notion d’être surhumain, anti-humain commettant des actes abominables et destructeurs, les TC ont une vision apocalyptique; 2) les TC perçoivent le groupe conspirateur comme monolithique, uni dans la poursuite de leurs objectifs, dirigé par un seul centre conspiratoire qui fait office de personnel général qui coordonne et planifie jusque dans les moindres détails (comme par exemple le Prince Klemens Von Metternich qui prétendait qu’à Paris existait un groupe qui complotait contre les gouvernements européens); 3) les complotistes sont persuadé·e·s que le groupe conspiratoire est omniprésent dans sa propre sphère d’opération, et que ce groupe a planifié le mal dans le passé, continue à l’heure d’aujourd’hui et ne s’arrêtera pas dans le futur; 4) le groupe conspiratoire est considéré par les complotistes comme omnipotent: il en existe des membres qui travaillent secrètement dans la société en utilisant des techniques destructrices pour atteindre leurs objectifs néfastes; 5) pour les complotistes, les TC sont une force motrice de tout changement historique, le groupe conspirateur peut modifier le cours de l’histoire continuellement et de manière négative et le fait en étant conscient, il planifie ses actes dans le but de contrôler les évènements et d’avoir une influence sur ses membres. Les évènements désagréables perçus pour la plupart comme étant dû au hasard sont perçus par les complotistes comme des preuves qu’il existe bel et bien des groupes secrets, des organisations clandestines. Nous pouvons reprendre l’exemple de l’assassinat de JFK, un homme parmi les spectateurs a été aperçu muni d’un parapluie pendant une journée pourtant ensoleillée, cette attitude a semblé suspecte et a alimenté certaines théories du complot.

Les véritables politiques conspirationnistes sont toutefois présentes dans nos activités humaines. Dans la mesure où les individus déploient des techniques dans le but de planifier des actions secrètes et intentionnellement cachées aux yeux des autres sont des conspirations. Bale (2007) ajoute :

« A chaque fois que les dirigeants d’une entreprise participent à une réunion de conseil afin de planifier une stratégie de marketing, ils ‘’conspirent’’ et en ce sens, des milliers de conspirations se produisent chaque jour ».

Contrairement à ce que prétendent les complotistes, les politiques conspirationnistes ne sont pas monolithiques, de nombreux groupes politiques et économiques entreprennent des activités et des plans secrets dans le but d’obtenir un avantage sur leur rivaux. Il y a des tentatives de manipulation à l’aide de services secrets rivaux afin d’obtenir un avantage concurrentiel et être les premiers à développer des nouvelles lignes de produits. Par exemple, les francs-maçons, les groupes communistes, les sionistes ont secrètement comploté afin d’atteindre des objectifs politiques spécifiques mais limités.

Il est souvent difficile d’obtenir une uniformité totale d’opinion, même au sein d’un même groupe secret, ce qui a pour conséquence que certains groupes changent secrètement d’alliance et de tactique en fonction de leurs intérêts. La sphère opérationnelle de groupes conspirateurs est alors invariablement limitée dans le temps et l’espace. De plus, étant donné que les réelles conspirations opèrent à des niveaux d’efficacité variables, il y a une divergence en termes de portée et de pouvoir.

Peu importe le pouvoir qu’un groupe possède, il se montre incapable de contrôler les autres, contrairement à ce que pensent les complotistes (Bale, 2007). Par exemple, la société secrète en Afrique du Sud qui a été fondée au début du 20ème siècle (et qui regroupait un groupe d’extrémiste conservateur) a joué un rôle important dans la promotion du système de l’apartheid, mais cette société n’a pas défini l’histoire mondiale.

Il est clair qu’il y existe des différences entres les théories du complot et les politiques conspiratoires réelles.

Les TC : un danger pour la société ?

Il existe encore à l’heure actuelle un débat entre différent·e·s auteur·e·s qui ont un discours plutôt positif sur les théories du complot et d’autres qui sont totalement contre ce phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur dans nos sociétés.

Basham (2019) affirme que les gouvernements et les entreprises conspirent couramment pour tromper les gens, il prend comme exemple l’invasion de l’Irak qui soi-disant détenait des armes de destruction massives et a engendré des milliers de mort. L’auteur nuance cependant ces propos car les TC restent dangereuses même si elles restent indispensables à toute société démocratique. Il explique d’ailleurs que les chercheurs en psychologie sociale ont montré que la lutte contre une croyance peut paradoxalement servir à la renforcer par ce qu’on appelle un effet boomerang et par conséquent accroitre la suspicion.

Selon Nicolas (2014), le complot est simple et complexe à la fois, simple car les TC totalisent parfois des éléments contradictoires avec une capacité unificatrice. C’est ce qu’il nomme la rhétorique de la facilité et complexe, puisqu’il existe une imbrication de connexions reposant sur un ensemble d’indices et chaque indice nouveau va constituer une preuve que le complot existe. Cet auteur rejoint l’idée de Basham selon laquelle la pensée conspirationniste profite « de l’extraordinaire légitimité que nos sociétés attachent à la position critique ». Les théoricien·ne·s du complot se dégagent de toute responsabilité d’une personne qui s’engage « l’effet produit est alors une grande sécurité cognitive » (Nicolas, 2014, p.7).

Bale (2007) soutient l’idée selon laquelle les théories du complot contribuent à rendre plus compréhensibles les schémas complexes de cause à effet dans les affaires humaines par le biais du réductionnisme et la simplification excessive. Ensuite, elles prétendent identifier la source sous-jacente de l’injustice dans le monde. De plus, en personnifiant la source, les complotistes aident aussi paradoxalement les gens à contrôler leur capacité à contrôler l’évolution historique future. En fait, la croyance dans les théories du complot aide les gens à donner un sens à une réalité confuse, cela les aide à rationaliser leurs difficultés présentes et cela atténue partiellement leur sentiment de faiblesse et leur manque de pouvoir. Dans ce cas, cela n’est pas très différent de beaucoup de croyances religieuses, politiques ou sociales.

Il rejoint également l’idée de Basham selon laquelle les théories du complot peuvent être basées sur des vérités :

« Les facteurs culturels et historiques complexes contribuent à cette réaction réflexive et injustifiée mais elle peut être le résultat direct d’une simple absence de distinction entre les théories de la conspiration au sens stricte du terme, qui sont essentiellement des fables élaborées même si elle peuvent être fondées sur des noyaux de vérité et les activités de véritables groupes politiques clandestins et secrets, qui sont une caractéristique commune de la politique moderne. Le simple mot « conspiration » semble déclencher une sonnette d’alarme interne qui pousse les universitaires à fermer leur esprit afin d’éviter toute dissonance cognitive et tout désagrément éventuel ».

Il existe selon Bale de véritables activités politiques secrètes et malheureusement peu d’études sont réalisées à ce sujet dans les milieux universitaires, l’idée que des groupes se réunissent en secret et qu’ils ont une influence sur le cours de l’histoire est une chose qui est sous-estimée et considérée comme le « fruit d’une imagination paranoïaque ». Il donne comme exemple la théorie de l’existence d’une loge maçonnique secrète en Italie connue sous le nom de Loggia Massonica Propaganda Due. Cette loge aurait été impliquée dans la promotion et l’exploitation d’actes terroristes néo-fascistes en infiltrant les agences de sécurité de l’État. Selon l’auteur, elle existerait peut-être encore aujourd’hui sous une autre forme.

A contrario, plusieurs auteur·e·s se sont accordé·e·s sur le danger des TC et plus particulièrement chez les jeunes (en Belgique, 49,5% des 18–24 ans et 42,4% des 25–34 ans croient au moins à une théorie conspirationniste, le vif, n3, p.12). Dans leur article, Basham et Dentith (2016) ne citent qu’une seule théorie qui s’est avérée vraie : les Etats-Unis et le Royaumé Uni auraient utilisé la supposée présence d’armes de destruction massive en Irak pour justifier une invasion de ce pays en 2003 (alors qu’aucune ADM n’a été trouvée). D’ailleurs, les théoricien·ne·s de la conspiration, tout comme les révisionnistes et les créationnistes, utilisent souvent un procédé rhétorique bien connu : le sophisme. Ce processus sert à justifier un raisonnement qui ne se base pas sur une argumentation logique et dans lequel on n’y retrouve aucune preuve évidente (Dieguez, 2016). Wagner-Egger (2019) affirme d’ailleurs dans une de ses interviews que même si une théorie du complot s’avère vraie, on ne peut décider à l’avance si une théorie est vraie ou fausse, il est nécessaire de récolter des données solides avant d’émettre une conclusion. Sans compter que ce sont souvent les journalistes et non pas les complotistes qui détectent les vrais complots, nous pouvons prendre le cas du scandale du Watergate comme exemple.

Plusieurs études montrent que les croyances aux théories du complot sont basées sur des erreurs de raisonnement, mais il existe aussi des facteurs sociaux ou facteurs de personnalité qui peuvent expliquer les TC : l’anxiété, ou encore la pensée paranoïde. C’est ce que fait Hofstadter en 1964, il dénonce dans la politique américaine l’existence d’un style paranoïaque. La politique américaine a toujours été une cible pour les mécontent·e·s, le complotisme y est omniprésent. Dans les dernières années, on assiste à ce mécontentement en action surtout dans les communautés d’extrême droite, qui ont démontré grâce au mouvement Goldwater (mouvement conservateur né dans les années 1960 aux États-Unis dans le but de sauver une Amérique capitaliste en crise, fondé par le sénateur fédéral de l’Arizona, Barry Goldwater) toute la force politique qui peut être tirée des passions et des animosités d’une minorité.

Mais derrière cela, Hofstadter pense qu’il y a un style de pensée qui n’est pas nouveau et pas nécessairement d’extrême-droite qu’il nomme le “style paranoïde”, car aucun autre mot n’évoque mieux la notion d’exagération passionnée, de suspicion et de fantaisie conspirationniste. En utilisant cette expression, il ne parle pas dans un sens clinique mais il emprunte un terme clinique pour d’autres objectifs. C’est un terme péjoratif et il est fait pour cela, le style paranoïde a plus d’affinités pour les mauvaises causes que pour les bonnes. Il a plus à voir avec les idées que leur véracité. Dans son article, l’auteur tente de comprendre une psychologie politique à travers la rhétorique politique et pour cela, il cite quelques épisodes qui ont façonné notre histoire passée : l’illuminisme et la franc-maçonnerie, The Jesus Threat. Il cite ensuite les raisons pour lesquelles les conspirationnistes créent des théories envers «l’ennemi», ils et elles se sentent lésés et veulent faire bouger l’ennemi, le contrer en lui mettant le blâme. Hofstadter fut le premier auteur à parler du discours paranoïaque et a posé les bases de ce discours. Les théories du complot sont basées sur la spéculation, la supposition et aucun élément, aucune preuve ne sont apportés dans leur discours. A l’heure actuelle, nous pouvons constater le même procédé avec le documentaire « Hold-up » qui accuse les autorités publiques d’avoir créé volontairement le virus dans le but de confiner la population mondiale. On y retrouve le pathos ainsi qu’un ton apocalyptique pour susciter une émotion (Klein, 2021).

Les complotistes sont-ils plus doué·e·s pour détecter les vrais complots ?

Notre démarche dans cet article s’est déroulée suivant plusieurs étapes. Pour aborder les TC, il nous a paru important de comprendre ce que ce mot sous-entendait. Nous avons dans un premier temps fourni une définition de ce terme. Ensuite, nous avons donné une série de caractéristiques qui distinguent les théories du complot et les complots. Plusieurs auteurs tels que Basham et Dentith(2016) se sont exprimés à ce sujet : les complotistes ont un don de « vigilance » par rapport aux vrais complots. En revanche, Wagner-Egger (2019), tout comme Hofstadter, fait partie de ceux qui pensent que les TC utilisent des explications injustifiées basées sur des données aberrantes. Les complotistes construisent leur théorie à partir d’imperfections de la version officielle et n’investiguent pas comme le ferait un ou une journaliste. Wagner-Egger soutient l’idée selon laquelle ce sont les journalistes qui détectent les vrais complots grâce à une véritable investigation de leur part. Nous pouvons dès lors conclure que les complotistes ont une perception différente de la réalité.

Ce qui nous a conduit à une autre réflexion : les complotistes manifestent-ils·elles une sensibilité plus accrue lorsqu’il s’agit de détecter un vrai complot d’un faux ? L’élaboration d’un questionnaire permettra de compléter nos données et d’apporter des réponses concrètes à cetteproblématique.

Bibliographie :

Bale, J. M. (2007). Political paranoia v. political realism: On distinguishing between bogus conspiracy theories and genuine conspiratorial politics. Patterns of prejudice, 41(1), 45–60. https://doi.org/10.1080/00313220601118751

Basham, Lee and Matthew R., X. Dentith. (2016). Social science’s Conspiracy-Theory Panic:Now They Want to Cure Everyone. Social Epistemology and Reply Collective 5, no.10, pp.12–19.

Brian, L. Keeley. (1999). The Journal of Philosophy, Vol.96, no.3, pp.109–126.

De la Croix, A. (2018). 13 complots qui ont fait l’histoire, Racine.

Dieguez, S., Gérald B., Véronique CV., al. (2016). Comments on Basham et al.s “Social Science’s Conspiracy-Theory Panic:Now They want to Cure Everyone”. Social Epistemology and Reply Collective 5, no.12, pp.20–39.

Hofstadter R. (1963). “The Paranoid Style in American Politics”. Harper’s magazine. (consulté le 17/03/2020)

Leiduan, A. (2019). Umberto Eco & les théories du complot : Contre le complotisme.Contre le complotisme. Au-delà de l’anticomplotisme. Obadia. pp. 22–23

Nicolas, L. (2014). L’évidence du complot: un défi à l’argumentation. Douter de tout pour ne plus douter du tout. Argumentation et analyse du discours, (13).

Wagner-Egger, P. & Bangerter, A. (2007). La vérité est ailleurs : corrélats de l’adhésion aux théories du complot. Revue International de Psychologie Sociale, 20, pp. 31–61. https://www.cairn.info/revue-internationale-de-psychologie-sociale-2007-4-page-31.htm

--

--

Homo socialis

Members of the Center for Social and Cultural Psychology (Université Libre de Bruxelles) share a few thoughts on the world outside the lab.